Paradoxe légal

L'élève aurait-il dépassé le maître ?

Au Vème avant J.C., en Sicile, Tisias était formé par Coriax, célèbre rhéteur.
A la fin de sa formation, Tisias refusa de s'acquitter de sa dette auprès de son maître. Un procès s'ensuivit qui se déroula, suivant la légende, de la manière suivante.

Tisias se justifia au regard de Coriax auprès de ces juges de la manière suivante:

"Puisque tu m'a enseigné l'art de persuader, de deux choses l'une, ô Corax,
  • Ou bien tu as failli dans ton enseignement, et je suis donc incapable de persuader autrui, et en particulier de te persuader dans ce procès. Auquel cas ne te dois-je rien, puisque tu n'as pas accompli ta mission consistant à faire de moi un excellent rhéteur.

  • Ou bien tu as fait de moi un si bon expert dans l'art d'emporter la conviction que tu m'estimeras capable de persuader quiconque, et toi en particulier: si tu es convaincu par mes propos, tu reconnais alors que je ne te dois rien, puisque c'est précisément la thèse que je défends devant ce tribunal !
Dans les deux cas, tu dois reconnaître que je ne suis pas ton débiteur."


Corax, célèbre rhéteur comme nous l'avons déjà souligné, ne se laissa pas faire si facilement, et rétorqua:

  • "Ou bien j'ai réussi dans la tâche que tu m'avais confié, ô Tisias, et tu dois donc t'acquitter de ta dette envers moi puisque tu m'es redevable de ton éloquence.

  • Ou bien tu n'arrives pas à nous persuader, les juges et moi-même, que tu n'as à payer, éventualité où il te faudra également me verser mes honoraires."

Ce conflit est maintenant un cas d'école en droit, où la règle veut que l'accord préalable passé entre les deux parties prévale, donnant ainsi raison ici au maître Coriax.


Voir aussi:
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